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Contribution à l’"hommage
à nos victimes" et à la "dénonciation des violences policières et
judiciaires contre les gilets jaunes", évènement organisé par les Gilets jaunes résistants et les Sous-marins jaunes
Texte : Antoine Peillon
Extrait
de Cœur de boxeur (Les Liens qui Libèrent, mai 2019)
Photos : Ishta / www.ishta.fr
acte XII des Gilets jaunes / Paris, samedi 2
février 2019)
Chapitre 3
En plein visage
« L’épiphanie
du visage est une mutation par laquelle le visage s’exprime, résiste aux
pouvoirs, perce sa forme sensible et instaure l’éthique.
Ma
responsabilité en face d’un visage me regardant comme absolument étranger
constitue le fait originel de la fraternité.
Le
meurtre seul prétend à la négation totale du visage.
Emmanuel
Levinas[1]
Temps
déraisonnables. Temps de montée aux extrêmes, de mensonge et de corruption
ostentatoire.
Temps
de violences policières et de répression aveugle des opposants.
Temps
d’Apocalypse, révélation autant qu’effondrement.
Âge
de la grande régression, d’un Mai 68 à l’envers, de l’hégémonie droitière[2].
Règne
de l’oligarchie, et haine de la démocratie qui en résulte[3]…
En
France, depuis 2007 surtout, le pouvoir politique a sans cesse consolidé la
puissance opaque du renseignement et la répression des dissidences, légalisant
les atteintes aux libertés fondamentales, plaçant certaines polices hors de
tout contrôle judiciaire véritable, sous le prétexte de la lutte contre le
terrorisme. Dans le même temps, l’État s’est totalement abstenu de réprimer
sérieusement l’évasion fiscale et la corruption, s’attaquant en revanche au
droit à l’information, sans lequel République et démocratie sont une pure
mascarade[4].
La
subversion de la République par Nicolas Sarkozy et François Hollande, au fil de
leurs quinquennats calamiteux, est achevée par Emmanuel Macron, aux moyens,
pour l’instant irrésistibles, de la corruption barbouzarde[5]
et de l’autoritarisme « couvrant » les pires violences policières.
(…)
« Un
abattage en règle »
L’éborgnement
de Jérôme Rodrigues, 40 ans, plombier de profession et « figure »
charismatique des Gilets jaunes en Île-de-France, fut un symbole des
conséquences sanglantes de la stratégie de la tension orchestrée par l’État
français, depuis le commencement du mouvement des Gilets jaunes, le 17 novembre
2018. Et son traitement médiatique par le gouvernement, fut parfaitement
symptomatique du mensonge constant des « autorités » publiques sous
le règne d’Emmanuel Macron. Le tout révèle l’institution achevée d’un état d’exception
permanent, banalisé, où justice et vérité sont écrasées.
L’événement
s’est déroulé place de la Bastille, à Paris, le samedi 26 janvier, vers
16 h 45, lors de l’Acte XI des Gilets jaunes. Il a été filmé et diffusé en
direct sur Facebook par Jérôme Rodrigues lui-même et par d’autres manifestants.
On voit, sur ces images surréalistes, ce manifestant pacifique tomber
subitement à terre. La vidéo dure une dizaine de minutes et l’on y entend le
blessé parler à ses amis et à des « street medics » (secouristes
bénévoles). Dans l’heure qui suit, secouru par les pompiers de Paris, l’homme
au chapeau noir publie une photo de son visage ensanglanté, dont l’œil droit n’est
plus visible, disparu sous une paupière boursoufflée par un hématome déjà
violet.
« Ils m’ont déglingué », écrit-il en
légende de son autoportrait.
Le
lendemain matin, dimanche 27 janvier, depuis l’hôpital Cochin où il est soigné,
Jérôme Rodrigues affirme avoir été « visé délibérément » par les
forces de l’ordre. « J’ai été attaqué deux fois. Une fois par une grenade
et, ensuite, je me prends l’impact du LBD (lanceur de balle de défense). Je
pense qu’ils savaient très bien sur qui ils tiraient » », précise-t-il.
Dénonçant « un abattage en règle » de la part de la police, le Gilet
jaune donne son propre récit de l’agression : « A l’origine, je suis
arrivé sur la place de la Bastille pour essayer de faire en sorte que les
Gilets jaunes s’en aillent, qu’ils puissent quitter la Bastille à la suite des
attaques des Black Blocs envers la police et des charges des policiers. Moi, je
suis un hyper pacifiste, je veux que personne ne se fasse mal, je suis allé
chercher les ‘‘petits Jaunes’’ pour qu’ils puissent sortir de cet enfer. »
Ce
même dimanche matin, l’avocat de Jérôme Rodrigues, maître Philippe de Veuille,
assure avoir des preuves que son client a été blessé par un tir de balle de
défense (LBD 40) : « J’ai des éléments matériels. Une jeune femme a
vu les évènements, elle a vu les forces de l’ordre avancer et tirer au flashball
sur Jérôme. » Il dénonce aussi le fait que les forces de l’ordre ne
portaient pas de caméras-piétons, comme annoncé pourtant par le ministre de l’Intérieur,
quelques jours auparavant, et qu’elles n’avaient pas fait de sommations avant
de tirer.
Le 1er
février, alors que le Conseil d’État rejette les demandes de suspension de l’usage
des LBD dans les prochaines manifestations des Gilets jaunes présentées par la
CGT et la Ligue des droits de l’homme, Jérôme Rodrigues commente :
« Des gens sont mutilés, on devient des gueules cassées, alors qu’on
demande un bout de pain. On vient juste revendiquer, dans la patrie des droits
de l’homme, et on reçoit des ‘‘bastos’’ ! Il y aura d’autres blessés, d’autres
vies brisées, c’est irresponsable. »
Éclatement
du globe oculaire
La
blessure de cette « figure des Gilets jaunes » a beaucoup inquiété le
ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et son secrétaire d’État chargé
de la sécurité, Laurent Nuñez. La préfecture de police a saisi l’Inspection
générale de la police nationale (IGPN). Mais alors que l’enquête était à peine
ouverte, Laurent Nuñez affirmait catégoriquement qu’il n’y avait pas eu de tirs
de LBD au moment précis de la manifestation où Jérôme Rodrigues a été blessé.
Tout au long du week-end des 25 et 26 janvier, des éléments de langage sont
distribués à la presse par la communication du ministère de l’Intérieur,
reprenant la dénégation du secrétaire d’État.
Malgré
ça, Jérôme Rodrigues assure sans cesse avoir « subi deux attaques »
avant de s’effondrer au sol, place de la Bastille : « Une grenade, en
bas des pieds, qui m’étourdit et, trois secondes après, l’impact de la LBD 40
qui m’arrive à l’œil. Je tiens à préciser qu’une grenade, ça déchiquette. Je n’ai
pas l’œil en lambeaux ; j’ai un impact de balle sur l’œil. L’IGPN m’a
confirmé que, sur les vidéos qui ont été vues, il y a bien le ‘‘boom’’ de la
grenade et le ‘‘poc’’, qui suit derrière, du tir de LBD. »
Il a
fallu attendre le 30 janvier pour que le témoignage d’un gardien de la paix de
la compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) des Hauts-de-Seine, placé
sous les ordres du directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération
parisienne (DSPAP), reconnaisse devant les enquêteurs de l’IGPN avoir effectué
un tir de balle de défense au moment où le manifestant a été grièvement blessé,
niant cependant avoir visé et touché Jérôme Rodrigues… De même, plusieurs
vidéos circulent alors sur les réseaux sociaux, qui montrent l’usage indéniable
de l’arme.
De
toute façon, les dénégations et tentatives de dissimulation de Christophe
Castaner et Laurent Nuñez sont pathétiques, au regard du rapport médical
établi, le 28 janvier, par le professeur Jean-Louis Bourges, responsable des
urgences d’ophtalmologie à l’hôpital Cochin. Ce document, révélé par L’Humanité, indique, en effet, que
« les présentes observations apparaissent compatibles avec un traumatisme
principalement contusif ayant entraîné une rupture pressionnelle simultanée du
globe oculaire droit et de la paupière supérieure droite ». Ce qui permet
de supposer que c’est bien l’impact d’une balle de défense qui est la cause de
la perte de l’œil de Jérôme Rodrigues, selon un médecin hospitalier interrogé
par le quotidien.
La
description de la blessure ne recense pas moins de huit lésions sévères :
un « affaissement du globe oculaire droit », une « luxation
postérieure cristallinienne totale », une « plaie de cornée », etc. A propos de la plaie de la paupière
droite, le certificat médical permet à un médecin hospitalier d’estimer que
« le traumatisme étant très violent, avec éclatement du globe oculaire et
des lésions osseuses, cela a pu éclater la paupière, qui est un tissu
fin ».
Cependant,
le ministère de l’Intérieur a continué de nier, contre toutes évidences, la
responsabilité d’un tir de LBD 40 dans l’infâme blessure de Jérôme Rodrigues.
Leur version « officielle » a tourné en boucle sur les ondes :
le Gilet jaune a été touché par une grenade de désencerclement. Or, celle-ci ne
peut provoquer des lésions que par la projection de ses débris et le certificat
médical établi à l’hôpital Cochin relève qu’« aucun corps étranger n’a été
observé » dans l’œil du blessé.
Mercredi
13 décembre, Jérôme Rodrigues a annoncé sur son compte Facebook, où il est
suivi par près de 70 000 personnes, qu’il avait définitivement perdu son
œil droit. Il précisait : « Je viens de sortir de ma consultation
chez le médecin et on m’a dit que je ne verrai plus, c’est fini. Il n’y a plus
rien à faire. » Souhaitant garder tout de même son œil désormais aveugle,
si possible, il commentait aussi, avec émotion : « Ce n’est pas que j’ai
une obsession pour la beauté, mais c’est quand même mon physique. Ce que je
vois tous les matins en me regardant dans le miroir. »
Une
information judiciaire pour « violences volontaires par personne
dépositaire de l’autorité publique avec arme » a été ouverte et des juges
d’instruction du tribunal de Paris poursuivent donc les investigations
incertaines commencées par l’IGPN.
Armes de
guerre
« Ils
m’ont déglingué », écrivait Jérôme Rodrigues, en légende de son
autoportrait pris dans l’ambulance des pompiers qui l’amenaient à l’hôpital
Cochin (Paris).
« Ils… »
Un
pluriel pertinent qui vise, au-delà du gardien de la paix de la compagnie de
sécurisation et d’intervention (CSI) des Hauts-de-Seine qui a peut-être ciblé à
bout portant le visage du manifestant pacifique, les responsables de son
éborgnement : le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, le secrétaire
d’État Laurent Nuñez et son patron, le ministre de l’Intérieur, Christophe
Castaner, le Premier ministre, Edouard Philippe, et le président Emmanuel
Macron.
Car
se sont bien les donneurs d’ordre autant que les exécutants -
« exécuteurs » serait un terme plus approprié - qui sont responsables
de ce déchaînement de violences policières qui tente de noyer le mouvement des
Gilets jaunes dans le sang.
Que leurs noms restent dans l’Histoire, souillés
par ce sang !
Ce
sont eux qui ont immanquablement donné l’ordre aux forces de répression,
principalement aux brigades anticriminalité (BAC) et brigades républicaines d’intervention
(BRI) agissant en civil et masquées, de tirer avec des balles en caoutchouc
semi-rigide, dites « de défense », extrêmement dangereuses,
indistinctement sur les corps et sur les visages des manifestants, pour la
plupart inoffensifs.
J’en
veux pour preuve, cette vidéo diffusée le mardi 15 janvier sur les réseaux
sociaux, qui montre des policiers affirmer que les tirs de
« Flashball » à la tête sont autorisés. Ces paroles sont prononcées alors
que des manifestants discutent avec des policiers des violences et des
blessures occasionnées lors des récentes manifestations. On entend clairement
un homme s’adresser ainsi à l’un des fonctionnaires : « Votre
collègue me dit que vous avez le droit de tirer dans la tête. » Ce à quoi
le policier répond : « Avec le Flashball ? Bien
sûr ! » Selon les auteurs de la vidéo, la hiérarchie des policiers
est intervenue très vite pour mettre fin à l’échange.
Les
« balles de défense » sont les projectiles de 40 mm de diamètre
tirées par les LBD 40, de fabrication suisse (Brügger & Thomet), qualifiés
d’« armes de forces intermédiaires », « à létalité
réduite » ou encore « sublétales », terriblement puissants et
précis. Pour mémoire, « létal » signifie « mortel » et même
« meurtrier », puisqu’il est issu du latin letalis, meurtrier, et du substantif letum, mort violente. Le LDB 40 a en réalité une portée potentielle
de 50 mètres, puisqu’il dispose d’un canon rayé, pour guider précisément son
projectile, et d’un viseur, dit « désignateur d’objectif
électronique » qui accroit d’autant sa précision de tir. Il est classé
dans les armes de première catégorie, c’est-à-dire parmi « armes de
guerre »[6].
Le
code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale veut
que l’usage du LBD soit très encadré. Et, selon une instruction du ministère de
l’Intérieur, datée de septembre 2014, le tireur doit viser « de façon
privilégiée le torse ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs »,
mais « la tête n’est pas visée ». Chaque tir doit faire, de plus, l’objet
d’un rapport détaillé. En réalité, depuis novembre 2018, les tireurs de balles
de défense ont pris pour cible les visages des manifestants et ont été
ouvertement exonérés de tout contrôle par leurs hiérarchies.
Les
balles dites « de défense » sont pourtant tellement dangereuses que
le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, avait annoncé, en décembre 2017,
dans un courrier au Défenseur des droits, « avoir pris la décision d’interdire
l’usage du LBD 40 dans les opérations de maintien de l’ordre, au regard de sa
dangerosité et de son caractère inadapté dans ce contexte ».
Le
fabricant suisse du LBD 40, affirmant que cette arme « bien
utilisée » ne cause « pas de blessures graves », a accusé le
gouvernement français d’en faire une « mauvaise utilisation »[7].
Fin décembre 2018, le ministère de l’Intérieur
avait déjà passé une nouvelle commande de 1 280 LBD 40…
Pis
encore, le gouvernement s’est montré prêt, dès le samedi 12 janvier, à aller
beaucoup plus loin dans la répression - cette fois-ci « létale » - du
mouvement social des Gilets jaunes. Ce jour-là, des vidéos postées par les
Gilets jaunes sur les réseaux sociaux montrent des policiers (CRS) équipés du
fusil d’assaut HKG 36, progressant sur les avenues qui convergent vers la place
de l’Étoile, à Paris. Il s’agit d’une arme de guerre, de fabrication allemande,
équipant plusieurs unités de la police nationale depuis les attentats de 2015.
Interrogée
par Libération, la préfecture de
police se justifiait de façon attendue : « Dans un contexte de menace
terroriste toujours très élevée, les services de police ne sauraient ignorer ce
risque en portant un équipement inadapté. » Mensonge ! Car, en
réalité, selon un télégramme adressé, le 10 janvier, à toutes les directions
régionales des CRS, par leur directeur central, Philippe Klayman, un document
révélé par Mediapart, cet armement de
guerre a été déployé « compte tenu du contexte des violences constatées à
l’encontre des forces de l’ordre, à l’occasion des dernières manifestations de
Gilets jaunes sur le territoire national ».
La
négation totale du visage
« Ils m’ont déglingué… »
« Ils »,
le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, le secrétaire d’État Laurent
Nuñez et son patron, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, le
Premier ministre, Edouard Philippe, et le président Emmanuel Macron ont
« déglingué » Jérôme Rodrigues qui a été éborgné par une balle de
défense tirée à bout portant par le LBD 40 d’un « gardien de la paix »
(!) mis en condition politique de commettre, comme beaucoup de ses collègues,
des actes criminels.
Le
bilan de cette mise en condition politique des forces de l’ordre, police et
gendarmerie, par des déclarations de « couverture » de toutes les
bavures, constamment répétées par le ministre de l’Intérieur, Christophe
Castaner, et son secrétaire d’État, Laurent Nuñez, est effroyable.
Selon
le dernier décompte des blessures graves recensées, au jour le jour, jusqu’au
20 mars 2019, par le journaliste indépendant David Dufresne, sur son filTwitter (@davduf), 22 personnes ont été éborgnées lors des manifestations des
Gilets jaunes, depuis novembre 2018. De même, le journaliste a vérifié les
« signalements » d’un décès, de 5 mains arrachées et de 222 blessures
« à la tête », nombre à comparer aux 76 blessures aux membres
inférieurs, 46 aux membres supérieurs, 18 au dos, 13 à la main (mains
non-arrachées) et 4 aux parties génitales dont il publie les détails sur sa
page Internet hébergée par Mediapart,
« Allô place Beauvau ? »[8].
Blessures à la tête, visages
« déglingués », éborgnements… représentent 244 des 547 signalements
effectués, jusqu’alors, par David Dufresne !
La
répression de la révolte sociale des Gilets jaunes, d’une violence inédite
depuis Mai 68, menée par le président Macron et son gouvernement, vise les
femmes et les hommes de notre pays, les enfants aussi (37 mineurs, dont des
lycéens, grièvement blessés), au visage.
Au visage…
Elle
s’attaque, par-là, à l’une des incarnations les plus sacrées de la dignité
humaine, de l’humanité des personnes, de l’humanité tout court.
Tout
le monde sait ça et respecte le tabou de l’atteinte au visage, sauf les
meurtriers.
Nul
ne l’a mieux écrit qu’Emmanuel Levinas, dans son plus grand livre, Totalité et Infini (1961), qui a
révolutionné toute la pensée contemporaine en établissant « l’éthique
comme philosophie première » : « L’épiphanie du visage est une mutation par laquelle le
visage s’exprime, résiste aux pouvoirs, perce sa forme sensible et instaure l’éthique. Dans le
langage comme présence du visage, le tiers me commande comme un maître :
toute l’humanité me regarde et crie justice, me rappelle à mes obligations et
me juge. Ma
responsabilité en face d’un visage me regardant comme absolument étranger
constitue le fait originel de la fraternité. Le meurtre seul prétend à la négation totale
du visage. »[9]
Le meurtre seul
prétend à la négation totale du visage…
Depuis
novembre 2018, combien de visages ont-ils été l’objet d’une tentative de
« négation totale » par les violences policières déchaînées par
Emmanuel Macron et le gouvernement ? « Déchaînée », oui,
parce-que le mot vient du médiéval deschaener
(XIIe siècle) qui voulait dire « délivrer des chaînes ».
Combien de vies déglinguées ?
Des centaines…
Florilège
de quelques cas, récoltés dans la presse, sur le fil Twitter de David Dufresne
et le site du collectif « désarmons-les » (desarmons.net) :
Le
17 novembre 2018, à Quimper (Finistère) : Un jeune homme est victime d’un
tir de lanceur de balle de défense en plein visage.
Le
23 novembre 2018, à La Réunion : Jacky, 58 ans, quartier Bel Air, tir
de LBD 40, œil perdu. Plainte classée sans suite.
Le
24 novembre, à Paris : Alors qu’il cherchait sa femme sur les
Champs-Élysées, Jérôme reçoit un projectile dans l’œil gauche qui est
perdu.
Le
30 novembre, à Paris : Tir de LBD 40. Élie, 27 ans. Mâchoire fracturée,
opération, pose de plaque avec deux vis. Une dent en moins et quelques-unes qui
se déchaussent. 15 points de suture.
Le
30 novembre, au Puy-en-Velay (Haute-Loire) : Tir de LBD 40. Eborgnement.
Œil définitivement perdu.
Le 1er
décembre, à Marseille, Zineb Redouane, 80 ans, est tuée en conséquence du tir d’une
grenade lacrymogène reçue en plein visage, alors qu’elle fermait les volets de
son appartement. Une information judiciaire sur ce crime est en cours. L’enquête
est menée par un juge d’instruction, afin de déterminer les causes de la mort
de l’octogénaire.
Le 1er
décembre, à Paris : Tir de LBD. Christopher, 28 ans. Triple fracture.
Opéré le 3 décembre : joue, menton, nez. Cerclage et plaque pour réparer
la mâchoire.
Le
1er décembre, à Paris : Après avoir appelé sa mère pour la rassurer, Franck
reçoit un tir de balle de défense en plein œil. « Malgré plusieurs
opérations et la pose de plaques sur mon malaire et l’orbite broyée, laissant
une immense cicatrice sur mon crâne, mon œil droit, n’a pu être sauvé »,
raconte le jeune homme de 20 ans, venu de Haute-Marne.
Le
1er décembre, à Toulouse : Gravement touché à l’oreille et au nez, près de la
gare Matabiau, par un tir de LBD 40, Benoît, 28 ans, a été hospitalisé et placé
en coma artificiel jusqu’au 21 décembre.
Le 7
décembre, à Paris : Tir de LBD 40. Journaliste. Décollement de la membrane
cérébrale, hématome extradural et fracture non-déplacée du crâne. Un mois d’ITT.
Le 7
décembre, à Paris, Patrice, 49 ans, une grenade (assourdissante) reçue sur le
côté gauche et un tir de LBD 40 quasi-simultané dans l’œil droit. Visé à moins
de 10 m de distance. Cécité définitive.
Le 8
décembre, à Paris, Fiorina, 20 ans, est venue de Picardie manifester avec son
petit ami. Il est 14 heures quand la manifestation commence déjà à dégénérer.
Elle demande alors à Maxime, son compagnon, de partir. Mais toutes les rues
sont bloquées par des barrages de police et il est devenu impossible de quitter
l’avenue des Champs Elysées. Les CRS et des policiers en civils (BAC et BRI) se
mettent à tirer avec des LBD 40. Fiorina s’effondre. Elle vient de recevoir un
projectile en pleine tête. Malgré l’intervention rapide d’un « street
medic » et son évacuation vers les urgences ophtalmologiques de l’hôpital
Cochin, Fiorina perd son œil gauche, définitivement.
Le 8
décembre, à Paris : Antoine Coste est victime d’un tir de lanceur de balle de
défense en pleine tête. Ce graphiste de 25 ans indique avoir perdu l’usage de
son œil gauche. Il était venu « en spectateur » à la manifestation[10].
Le 8
décembre, à Paris : Sur les Champs-Élysées, le photographe Nicolas
Descottes, en reportage pour Libération,
reçoit un tir de LBD 40 en plein visage, malgré le port de son casque avec le
sticker « Presse ».
Le
28 décembre, à Montpellier (Hérault) : Tir de LBD 40 dans la tête.
Graves traumatismes psychologiques, douleurs crâniennes fulgurantes, pertes de
mémoires, troubles du sommeil.
Le 5
janvier 2019, à Paris : L’artiste-photographe Vitalia a publié sur Twitter des
photos de son visage blessé à la joue et le compte rendu de son examen médical.
Elle dit avoir été victime d’un tir de lanceur de balle de défense (LBD) dans
la figure. L’examen a révélé les lésions suivantes : foyers de fracture du
sinus maxillaire droit, fracture zygomatique droite, fracture osseuse non
déplacée du plancher orbitaire.
Le
11 janvier 2019, à Bordeaux : Tir de LBD 40. Benjamin, 23 ans. Six heures
au bloc. Perte de l’usage de l’œil droit, plusieurs fractures.
Le
11 janvier, à Nîmes (Gard) : Tir de LBD 40. Sébastien. Fractures mâchoire,
trois dents du haut arrachées, dents du bas déplacées.
Le
11 janvier, à Nîmes : Tir de LBD 40 dans la tête. Troubles de la vision et
de l’audition, plaie occipitale confuse d’environ 7 cm.
Le
11 janvier, à Montpellier : Virgile, œdème palpébral de l’œil droit, plaie
de 6 cm sous le globe oculaire droit, fracture du nez.
Le
12 janvier, à Saint-Etienne (Loire) : Tir de LBD 40. Jeune fille de
14 ans. Œil perdu. Éborgnement.
19
janvier, à Angers (Maine-et-Loire) : Tir de LBD 40. Entaille de 6 cm,
trauma crânien. Plus d’audition côté gauche.
Le 8
février, à Toulouse (Haute-Garonne) : Manifestante touchée à la tempe
par tir de LBD 40. Usage prohibé de l’arme.
Le
16 février, à Paris : Yannick, 35 ans, tir de LBD 40, lèvre supérieure
fendue, dents cassées.
Le
19 février, lors du blocage de la raffinerie de
Donges (Loire-Atlantique) : Deux personnes blessées au niveau de la
tête par des palets de lacrymos tirés en tir tendu.
Le
23 février, à Paris : Coup de pied à la tête sur homme à terre et
maîtrisé.
Le 2
mars, à Nantes, œil touché par un tir de LBD 40.
Le
16 mars, vers 16 heures, à Paris, sur les Champs-Élysées, David, 39 ans,
éborgné par un tir de LBD 40 : œil perdu…
Et
ainsi de suite, nous sommes témoins de cette forfaiture d’État qui prétend à la
négation totale du visage des Gilets
jaunes.
Fabien
Jobard est directeur de recherches au CNRS, au sein du Centre de recherches
sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Il est
également chercheur au Centre Marc-Bloch à Berlin. Dans un entretien publié le
20 décembre par le quotidien Le Monde,
il affirmait : « Le bilan (de blessés graves parmi les manifestants)
dépasse tout ce que l’on a pu connaître en métropole depuis Mai 68, lorsque le
niveau de violence et l’armement des manifestants étaient autrement plus
élevés, et le niveau de protection des policiers, au regard de ce qu’il est
aujourd’hui, tout simplement ridicule. »
Il
confirmait aussi que le chef de l’État et le gouvernement sont bien les premiers
responsables de ce sinistre bilan : « En maintien de l’ordre, c’est
le donneur d’ordres qui est en première ligne, c’est-à-dire le politique. Du
reste, le gouvernement ne s’est pas privé de faire savoir qu’il était aux
commandes, à grand renfort de présence télévisuelle en salle de commandement.
Une telle immixtion du politique dans la conduite des forces policières est, il
faut le noter, une particularité française. »
Le 2
février, à Paris, j’ai participé à la Marche blanche des gueules cassées (Acte
XII des Gilets jaunes), depuis la place Félix-Éboué jusqu’à celle de la
République, en passant par la Bastille. Sur les banderoles, pancartes,
teeshirts peints, j’ai lu et photographié ces slogans[11] :
« Que
fait la police ? Ça crève les yeux » ;
« Macron
dégaze ! » ;
« Ce
qui nous met en colère ? Le mensonge, l’injustice… et les
violences » ;
« Unis
et dignes face à l’oppression » ;
« Nous
sommes sans armes, vous êtes sans âme » ;
« Violences
aveugles ? Blessures de guerre définitives ! » ;
« Castaner
coupable : démission + comparution » ;
« Arrêtez
le massacre ! » ;
« Liberté
Égalité Flashball » ;
« Christophe
Castaner : ‘‘Allez tous vous faire énucléer !’’ »…
De
grands portraits photographiques de Fiorina, l’étudiante de 20 ans éborgnée le
8 décembre à Paris, sur les Champs-Élysées, étaient brandis par de nombreuses
personnes, femmes et hommes de tous âges.
L’émotion était très vive, digne et fraternelle.
Le 6
février, trente-cinq ophtalmologistes de renom (dont des professeurs à l’université)
avaient fait parvenir au chef de l’État une lettre dans laquelle ils demandent
un "moratoire" sur l’utilisation des fameux lanceurs de balles de
défense (LBD), ayant causé de très nombreuses blessures oculaires en marge de
la mobilisation des gilets jaunes.
Le
dimanche 10 mars, faute de réponse présidentielle, ils ont rendu public ce
courrier[12].
« Monsieur
le président de la République, le nombre inédit de contusions oculaires graves
par lanceurs de balles de défense conduisant à la perte de la vision a légitimement
ému un grand nombre de citoyens et d’associations, et nous concerne
particulièrement en tant qu’ophtalmologistes. Ces contusions entrainent des
lésions souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique. (…) Les blessures
oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience. »
Selon
ces médecins, « le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique
conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient
nécessairement entrainer un grand nombre de mutilations ». Les
ophtalmologistes soulignaient qu’une « telle ‘‘épidémie’’ de blessures
oculaires gravissimes ne s’est jamais rencontrée » et demandaient
« instamment un moratoire dans l’utilisation de ces armes invalidantes au
cours des actions de maintien de l’ordre ».
« Notre
démarche est uniquement celle de médecins, purement humaniste, avec pour seul
but d’éviter d’autres mutilations », tenaient-ils à préciser.
« On
a vu des personnes atteintes de lésions oculaires ou faciales très graves. La
plupart donnent lieu à des séquelles irréversibles », expliquait aussi le
professeur Bahram Bodaghi, chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital de la
Pitié-Salpêtrière, à Paris, avant de raconter : « On a demandé par
mail à tous nos collègues hospitaliers de faire remonter, en prenant 2014 comme
année de départ, les cas de lésion, avec le plus de détails possibles. Sans
surprise, l’essentiel des accidents concerne la période récente et, dans la
majorité des cas, ce sont des lésions irréversibles. »
Mi-mars
2019, quelque 13 460 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) étaient
enregistrés depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, en novembre 2018,
par le ministère de l’Intérieur…
L’acide
du mensonge d’État
Avez-vous
vu, cher Christophe Dettinger, cette scène infâme du ministre de l’Intérieur
faisant la leçon à des enfants de huit ans, dans une classe d’école primaire,
afin de leur expliquer le tir de balles dites « de défense » ?
M. Castaner y montre comment il faut tirer avec un LBD 40, en pointant des
parties du corps humain sur un tableau noir et en commentant sur un ton
bonhomme : « Ils [les policiers ou les gendarmes] peuvent tirer sur
les bras, ils peuvent tirer, mais je ne suis pas tout à fait sûr, sur cette
partie-là [il montre l’abdomen] et sur les membres inférieurs. Ils doivent
absolument éviter la tête. Et quand il y a des accidents, et il y en a eu, on a
une police qui surveille la police, et donc on enregistre toutes les plaintes,
et on a eu une dizaine de tirs où par accident, on a eu des tirs sur le
visage… »
La
séquence a été tournée pour l’émission « Au Tableau ! »,
produite par la journaliste Mélissa Theuriau, et diffusée le 20 février sur les
ondes de la chaîne de télévision C8 (groupe Canal +). Elle a heureusement
suscité un flot d’indignation.
Outre
son aspect déplacé, face à un si jeune public, l’épisode est, pour le ministre
de l’Intérieur, l’occasion de proférer une nouvelle fois un mensonge flagrant
et massif : « On a eu une dizaine de tirs où par accident, on a eu
des tirs sur le visage… » Or, à l’époque du tournage, vers le 10 février
au plus tôt, le collectif « Désarmons-les » publiait les noms et les
portraits de 19 personnes éborgnées par les forces de l’ordre depuis le 17
novembre 2018.
Les
faits sont têtus et les chiffres significatifs. Entre 1999 et le 17 novembre
2018, soit pendant environ vingt ans, le collectif Désarmons-les a recensés 53
blessés graves, dont un grand nombre en-dehors de manifestations. Du 17
novembre 2018 jusqu’au 15 janvier 2019, le compte était déjà monté à 97 blessés
graves, quasiment tous en manifestations.
En
deux mois seulement, les forces de répression d’Emmanuel Macron ont fait près
double de blessés graves que ne l’avaient fait les forces de l’ordre sous les
présidences de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
La
falsification des faits est bien une marque de fabrique de la Maison Macron,
Philippe & Castaner. Le journaliste David Dufresne parle même, à ce sujet,
de « mensonge d’État », observant aussi « que les forces de l’ordre
visent de plus en plus les journalistes, empêchent les secouristes volontaires
d’agir, et cassent volontiers des téléphones portables de personnes qui
filment, comme dans une volonté d’empêcher toute documentation des
événements »[13].
Propagande et censure : c’est le couple
anti-vérité des dictatures.
Ainsi,
en déplacement à Carcassonne (Aude), le 15 janvier, le ministre de l’Intérieur
affirmait, sans sourciller : « Moi, je ne connais aucun policier,
aucun gendarme, qui ait attaqué des Gilets jaunes. Par contre, je connais des
policiers et des gendarmes qui utilisent des moyens de défense, de défense de
la République, de l’ordre public. » Le même jour, Libération recensait 94 blessés graves, dont 69 par des tirs de LBD
dans la grande majorité des cas à la tête, et au moins 14 personnes éborgnées…
Tous avaient-ils agressé dangereusement les « forces de l’ordre » ?
Une
semaine plus tard, le 22 janvier, Christophe Castaner soutenait, devant des
députés, que quatre personnes seulement avaient été gravement blessées à l’œil
à la suite d’interventions policières, depuis le début du mouvement des Gilets
jaunes ! Dans un style inimitable, le ministre disait alors :
« Selon les dossiers qui me sont remontés, quatre personnes ont été
frappées violemment à la vision – on parle de perte d’œil, je préfère ne pas
reprendre ce terme-là, mais il y a actuellement quatre personnes qui ont eu des
atteintes graves à la vision, certains pouvant éventuellement perdre un
œil. »
Charabia abracadabrantesque…
Le
29 janvier, le ministre de l’Intérieur déclarait, sur le plateau de RMC/BFM TV,
que « trois CRS avaient été attaqués à coups d’acide au visage »,
lors de la manifestation de l’acte XI des Gilets jaunes, le samedi 26 janvier.
Le soir même, Christophe Castaner répétait, face aux députés devant lesquels il
défendait le projet de loi « anticasseur » du gouvernement :
« Samedi dernier, à Quimper, de l’acide a été jeté au visage de trois
CRS. » Manque de chance, une source policière locale a rapidement corrigé
le tir ministériel, précisant qu’il n’y avait eu, ce jour-là, qu’un seul
policier touché au visage. En revanche, à cette date, un recensement effectué
par Libération comptait 144 blessés
graves, dont 92 par des tirs de lanceur de balle de défense, au moins 14
victimes ayant perdu un œil.
Deux
jours plus tôt, Laurent Thines, professeur de neurochirurgie au centre
hospitalo-universitaire (CHU) de Besançon, avait lancé une pétition[14]
pour un moratoire sur l’utilisation des armes dites
« moins-létales », LBD 40 et grenades de désencerclement, afin d’alerter
« sur leur dangerosité extrême », puisqu’un projectile de type LBD 40
X 46, lancé à plus de 90m/sec (324 km/h) a une force d’impact de 200 joules.
« C’est comme si on vous lâchait un parpaing de 20 kg sur le visage d’une hauteur de 1
mètre ! », illustrait-il. Avant d’insister : « Les lésions
constatées et prises en charge par nous, personnels soignants, dues à ces armes
utilisées sur des personnes parfois très jeunes ou âgées, exerçant leur droit à
manifester, sont choquantes et inacceptables : énucléation, amputation d’extrémité
de membre, fracas maxillo-facial et dentaire, traumatisme craniocérébral
engageant le pronostic vital… Tant de vies ont été ainsi
sacrifiées ! »
Expliquant
sa démarche et celle de ses nombreux confrères qui lui ont emboîté le pas de la
dénonciation, le médecin livrait un témoignage glaçant, au micro de France
Inter : « Je ne suis pas un politique, mais avant tout un médecin et
un citoyen. J’ai été très choqué, en tant que neurochirurgien, de la gravité
des lésions qui étaient infligées à des personnes qui, dans beaucoup de cas,
manifestaient de façon pacifique. J’ai pu aussi consulter les images des
scanners anonymisés de certains patients. On retrouve à la fois des lésions
externes, des plaies du cuir chevelu, des contusions ou, chez certains
patients, la perte d’un œil et des lésions internes, du même type que celles
que l’on trouve sur des scènes de guerre ou sur des accidents graves de la
route. »
En
confrontant ces paroles du neurochirurgien Laurent Thines aux multiples
dénégations et mensonges du ministre de l’Intérieur, la gravité d’une politique
assumant complètement sa violence répressive, pétrie de « post-vérité »,
me crève les yeux…
[1] Totalité
et Infini, La Haye, Martinus Nijhoff, 1961.
[2] Heinrich Geiselberger (dir.), L’Âge de la régression, Paris,
Gallimard, coll. Folio Essais, 2018, et Bernard Stiegler, Qu’appelle-t-on panser ? 1 – L’immense régression, Paris, Les
Liens qui Libèrent, 2018. Lire aussi Jacques Généreux, La grande régression, Paris, Seuil, 2010
(http://granderegression.fr).
[3] Jacques Rancière,
La Haine de la démocratie, Paris, La
Fabrique, 2005.
[4] Résistance !,
op. cit., pages 125 à 163, chapitre « La dictature ».
[5] Début février 2019, le parquet national
financier (PNF) ouvrait une enquête pour « corruption » sur un
contrat de sécurité signé avec l’oligarque russe, d’origine ouzbèke, Iskander
Makhmudov et négocié par Alexandre Benalla, alors que celui-ci était encore
chargé de mission à l’Élysée et habilité « secret-défense ». Iskander
Makhmudov, proche du pouvoir poutinien, est sérieusement soupçonné de liens
avec la mafia russe.
[6] Un article de The Conversation fait le point sur l’histoire sécuritaire et
militaire de cette arme :
https://theconversation.com/les-armes-non-letales-sont-elles-letales-et-vice-versa-111098
[7] « Gilets Jaunes : le fabricant du
LBD 40 accuse le gouvernement et le ministère de l’Intérieur ! »,
dans Décider & entreprendre, 28
janvier 2019.
[8]
www.mediapart.fr/studio/panoramique/allo-place-beauvau-cest-pour-un-bilan. Le
14 mars 2019, le grand prix du jury des Assises du journalisme de Tours a été
décerné à David Dufresne pour saluer ce travail.
[9] Emmanuel Levinas, Totalité et Infini. Essai sur l’extériorité, La Haye, Martinus
Nijhoff, 1961 ; en Livre de Poche, coll. Biblio Essais, 1990, pages 203 et
suivantes. Une belle lecture : Emmanuel Housset, « L’évidence du
visage et le sens social des valeurs », dans D. Cohen-Levinas et A. Schnell
(éd.), Relire Totalité et infini d’Emmanuel Levinas, Paris, Vrin, 2015,
pages 73 à 94.
[10] « Eborgné il y a deux mois, Antoine
Coste veut ‘‘témoigner pour ceux qui n’en ont pas la force’’. Venu en
spectateur à la manifestation des Gilets jaunes du 8 décembre à Paris, le jeune
graphiste de 26 ans a perdu l’usage de son œil gauche », par Simon
Auffret, Le Monde, 31 janvier 2019.
[11] Dossier photo :
www.flickr.com/photos/ishta/albums/72157706436160844
[12] Le
Journal du dimanche, 10 mars 2019, p. 16.
[13] « Violences policières : ‘‘On est dans
le mensonge d’État’’ », propos recueillis par Jeanne Cavelier, Le Monde daté du 16 janvier 2019.
[14] « Les soignants français pour un
Moratoire sur l’utilisation des armes dites ‘‘moins-létales’’ », sur
change.org
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